jeudi 29 octobre 2009

RAISE Magazine n°3

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Je rattrape aujourd'hui mon retard promotionnel...
Cela faisait longtemps que je préparais ce billet (depuis la sortie du mag en fait), mais je m'y suis pris comme un manche avec la taille des images etc., puis il y a eu la coupure d'électricité à la maison (une semaine entière quand même !) qui m'a stoppé en plein élan rédactionnel.

En tout cas, le voilà le dernier numéro du magazine photo RAISE, téléchargeable en intégralité ici :
http://www.raise-magazine.com/#/LastIssue

"C'est frais, c'est classieux" comme dirait Philippe Katerine...

Et voici une petite série extraite du mag pour la route, mon texte y accompagne des illustrations rétro-futuristes de Julien Pacaud que je trouve magistrales. Vous pouvez d'ailleurs découvrir le reste de son travail ici :
http://www.julienpacaud.com

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vendredi 16 octobre 2009

Guy Bourdin au Bon Marché



Jusqu’au 29 Octobre, Guy Bourdin est présenté au 2e étage du Bon Marché. Une exposition à ne pas manquer, et ce pour plusieurs raisons. C’est bien la première fois que les films 8 mm, Super 8, 16 mm et Polavision de l’artiste, numérisés pour l’occasion, sont rassemblés en une seule exposition et présentés sur grand écran. Certaines séquences sont même inédites.

Tournées entre 1950 et 1980, la plupart du temps lors de ses différentes séances photos pour Vogue ou les publicités Charles Jourdan, elles sont d’un intérêt rare : loin de simplement compléter ou éclairer la démarche photographique de Guy Bourdin, elles constituent une part entière de l’œuvre du photographe, mais une œuvre parallèle et jamais exploitée par ce dernier.

Alors que les photographies de Bourdin sont narratives, compilent et suggèrent en une seule image plusieurs moments que le spectateur doit imaginer et reconstituer afin d’établir une chronologie de l’histoire présentée, les vidéos relèvent d’une démarche totalement différente. En effet, dans les films présentés à l’exposition, il n’y a pas de narration. Il s’agit d’instantanés, de moments fugaces capturés dans le mouvement et dépourvus d’organisation. Plans larges, gros plans, la caméra se déplace d’un point à l’autre du ou des modèles sans recherche de cohérence, plutôt dans une inlassable recherche de quelque chose d’invisible, au-delà de la simple apparence immédiate.

De même, certaines séquences, dont l’une tournée en Martinique en 1974 avec le mannequin Tracy Weed, révèlent les films de Bourdin en tant qu’études de décor, de l’espace, du cadrage, comme si l’artiste avait voulu s’imprégner du lieu, faire quelques essais de prises de vues animées pendant la préparation du shoot, avant de reprendre son appareil photo et fixer les instants sur la pellicule. Ce qui frappe aussi, ce sont les couleurs, identiques à celles des photographies sur papier, malgré la différence de médium. Bourdin a su garder sa maîtrise de la lumière malgré les changements de technique. Plusieurs séquences, dont l’une tournée à Veules-les-Roses en 1974 avec Carole Singleton et l’autre Rue des Ecouffes avec Dominique Sanda en 1975, montrent ces couleurs en extérieurs ou en studio caractéristiques, et les motifs que Bourdin affectionnait : la mise en abyme, le reflet, la symétrie autour d’un point central.

La scénographie a d’ailleurs su prendre en compte ces thèmes, notamment avec des sols en papier miroir pour les deux vidéos qui font suite à l’entrée de l’exposition, et reflètent les séquences présentant des plans rapprochés de Dominique Sanda et Lila, deux égéries de l’artiste. De même pour la salle centrale, en cercle, sur les parois duquel quatre films différents se suivent et sont présentés deux fois, en écho, pour former en tout 8 écrans en continu.

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Mais le point négatif de l’exposition est sans doute de ne pas avoir mis en relation les différents films avec les photographies des mêmes séances photos, car une comparaison aurait été plus qu’intéressante et peut-être éclairante pour le visiteur néophyte. De même, à part une biographie chronologique et un texte généraliste (certes bien construit, clair et agréable) présentant le travail de Guy Bourdin dans ses grandes lignes, il aurait fallu éclaircir un peu plus les grands thèmes abordés par l’artiste dans son œuvre, au-delà de la simple « inspiration surréaliste » qui est resservie à chaque exposition qui lui est consacrée, même si certes, elle est justifiée. De fait, le néophyte aura peut-être tendance à jeter un regard rapide sur chaque film sans le relier à des repères précis de l’œuvre de Bourdin, et trouver l’exposition, malgré ses grandes qualités, un peu répétitive.

Enfin, en ce qui concerne le connaisseur, il sortira ravi mais frustré de ne pas trouver un catalogue d’exposition présentant des captures de chaque séquence et des explications complémentaires quant au contexte de réalisation de ces mêmes séquences, certaines relevant de la vie personnelle de l’artiste ou de séances photos restées inédites. Le seul ouvrage proposé à la sortie, malgré le libellé « réalisé à l’occasion de l’exposition Guy Bourdin, ses films… » est une compilation des polaroïds de l’artiste, non référencés, non datés, et n’apportant donc pas le complément à l’exposition que l’on aurait pu à la limite attendre. On se contentera donc, dans l’ouvrage cité (publié aux Editions Xavier Barral), d’en savourer le potentiel esthétique…