James Town, Ghana, 2010 |
Il faut imaginer la
grève, les canots aux coques colorées alignés sur le rivage, des enfants
courent sur la plage pendant que les femmes s’occupent du poisson ramenés par
les pêcheurs et s’occupent de son conditionnement. Des équipages réparent déjà
leurs filets, abîmés en plusieurs endroits lors de la pêche de cette nuit, d’autres
se mettent à nu et se lavent enfin, le corps recouvert de mousse blanche. Plus
loin, les cabanes d’habitation, des vieilles femmes que la vie n’a pas non plus
épargnée essaient de se rendre utile auprès des plus jeunes.
L'enfant au tee-shirt, Cape Coast, 2009 |
Toutes les photos prises
à Accra et Cape Coast semblent simultanées, comme si le photographe avait hérité d’un don d’ubiquité, toutes les parties du port s’animent en même temps. Or, il n’en
n’est rien, certains clichés sont même séparés d’un an. Denis Dailleux garde cette
façon sincère et cordiale – qu’il montrait déjà il y a dix ans dans ses
premières images d’Egypte – d’aborder les gens qu’il veut prendre en photo, avant
de les fixer dans leur environnement quotidien, conservant en arrière fond le dénivelé
d’une rue ou la mer et son horizon, comme si ces décors devaient apporter un
signe : l’avenir ?
Tout cet onirisme, cette
douceur sont aussi transmises par les couleurs et la lumière des photographies,
comme peintes. Les teintes pastelles, des bleus des verts, du blanc pur,
font plus ou moins écho (pour l’historien de l’art) aux scènes de genre de la
peinture hollandaise du XVIIe siècle, mais avec ces flous : le mouvement n’est
pas caché. Le format contribue également à cette impression : carré, particulièrement adapté
aux portraits, il offre également l’avantage de souligner les perspectives
et les points de fuite. Les tirages sont de grande et moyenne dimensions
troisième élément fondamental : le visiteur se plonge au cœur des
photographies car il y est invité, nos pieds reposent sur ce sable foncé,
passent entre les coques des embarcations et gagnent le rivage…
Exposition "Ghana", Denis Dailleux
Du 9 septembre au 22 octobre 2011
Galerie camera obscura
268 boulevard Raspail (Métro Raspail)
75014 Paris
Ouvert du mardi au samedi, de 13h à 19h
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