dimanche 16 octobre 2011

Claudine Doury au Pavillon Carré de Baudouin


         Pour ceux qui ne seraient pas encore allé voir l’exposition de Claudine Doury au Pavillon Carré de Baudouin, il devient urgent d’y faire un tour, les clichés de la photographes étant exposés jusqu’au 26 novembre seulement. Le lieu, déjà, vaut le détour, la folie construit au XVIIIe siècle et située aujourd’hui en plein cœur de Ménilmontant est plaisante par son architecture néoclassique et sa façade à colonnade. Mais les tirages qu’elle abrite en ce moment restent bien sûr notre principal intérêt !
        Divisée en trois partie, l’exposition est une quasi-rétrospective du travail de Claudine Doury, marquant son intérêt pour l’adolescence, période où l’enfance disparaît et laisse s’installer les prémices d’un âge adulte qui a oublié ses rêves. Une période où l’on découvre l’autre mais également soi : on se positionne alors dans un genre, mais tout en retenue. Rien n’est joué, l’identité est encore glissante.

Les photographies présentées dans la première partie s’attachent davantage à l’aspect intime de cette période particulière : Sasha, sa dernière série, et Les Princes Charmants (un travail toujours en cours) présentent d’une part les  « jeux secrets » de l’adolescence, et ses rites cachés, à la fois joués et vécus dans une simultanéité troublante ; et d’autre part évoquent la figure du garçon, inquiétante, séduisante, une bête nouvelle, dévorante mais traquée ici par l’objectif de Claudine Doury.

Avec Artek, un été en Crimée, présentée dans la première salle à l’étage, l’adolescence apparaît dans ses manifestations collectives, complément adéquat au début de l’exposition. Le contexte est, de plus, intriguant : c’est lors de ses séjours dans un des derniers ex-camps de jeunes pionniers soviétiques, entre 1999 et 2003, que la photographe a réalisé ces images. Les uniformes d’antan sont toujours de mise, et les activités reflètent encore l’idéal communiste, des danses et des défilés dont le contenu s’efface.

La troisième et dernière partie de l’exposition est à placer à part, car éloignée des thèmes que nous avons évoqués précédemment. Loulan Beauty narre plutôt une traversée de l’Asie centrale, évoque les villes aux mosquées de briques vernissées au cœur de l’Ouzbékistan, la mer d’Aral asséchée et son paradoxal désert aux épaves rouillées, et enfin le Xianjiang chinois. Une pérégrination poétique parmi une multitude de paysages, ponctuée de rencontres discrètes et énigmatiques : les personnages que fixe Claudine Doury sur sa pellicule semblent figés dans un autre temps, au coeur d’un décor révolu.


Claudine Doury, Photographies
Du 23 septembre au 26 novembre 2011
Pavillon Carré de Baudouin
121 rue de Ménilmontant (Métro Gambetta / Bus 26 ou 96, arrêt Pyrénées-Ménilmontant)
75020 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 18h


Des projections sont organisées en parallèle de l’exposition, dans l’auditorium du Pavillon Carré de Baudouin :

Samedi 29 octobre 2011 à 15h : Le miroir d’Andreï Tarkovski (sous réserve)
(Russie, 1974, 1h45). Un homme malade se penche sur sa vie. Passé et présent se mélangent dans l’esprit d’un homme qui cherchait «seulement à être heureux».

Samedi 5 novembre 2011 à 15h : Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann (Allemagne, 2010, 1h29).
En 2008, Pina Bausch, quelques mois avant sa mort, décide de reprendre son fameux spectacle Kontakthof, non plus avec sa troupe, mais avec des adolescents de 14 à 18 ans qui ne sont jamais montés sur scène et n’ont jamais dansé. Ce documentaire est leur histoire...

Vendredi 18 novembre 2011 à 19h : Virgin Suicides de Sofia Coppola
(Etats-Unis, 1999, 1h36). Dans une ville américaine tranquille et puritaine des années soixante-dix, Cecilia Lisbon, treize ans, tente de se suicider. Elle a quatre soeurs, de jolies adolescentes. Cet incident éclaire d’un jour nouveau le mode de vie de toute la famille.


A NOTER EGALEMENT : Sasha fait l’objet du dernier livre de Claudine Doury, qui vient d’être publié aux éditions Le caillou bleu.
La série sera exposée dans son intégralité à la Galerie Particulière fin janvier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire